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Gérer son patrimoine : quelles préconisations pour 2021 ?
Invité au Carrefour du conseil de FDSEA Conseil, Philippe de Guizelin, conseiller en gestion
de patrimoine, a évoqué la stratégie d’épargne. En temps de crise, diversifier ses placements, privilégier les actions
aux obligations et investir dans la pierre font partie des clés d’une bonne stratégie.
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« Actualité financière et stratégie d’épargne » était un des sept thèmes proposés par FDSEA conseil lors du Carrefour du Conseil 2021. |
«Paradoxalement, la
crise sanitaire et économique
de 2020
liée au Covid-19
n’a pas généré de crise financière
jusqu’à présent », explique
Philippe de Guizelin, spécialiste
en gestion du patrimoine. Ceci
s’explique en grande partie par
le soutien monétaire très rapide
des banques centrales, qui ont
injecté beaucoup de liquidités.
Avec pour conséquence des taux
d’emprunt qui sont historiquement
faibles. Ces taux d’intérêt
très bas contribuent à une relative
cherté de toutes les classes
d’actifs.
Des perspectives
économiques
en demi-teinte
Pour 2021, les perspectives
économiques sont mitigées. La
visibilité vis-à-vis du virus et ses
formes mutantes est faible mais
l’espoir renaît avec la vaccination.
La récession économique
est bien présente mais sans crise
financière, ni rationnement du
crédit.
Les faillites d’entreprises sont
encore relativement peu visibles
et sans doute différées tant qu’il
y aura de fortes aides financières
de la part des États.
Le sentiment
des ménages est prudent mais
pas désespéré : l’épargne est
abondante.
« Selon les prévisions des économistes,
le niveau d’activité
pré-pandémie devrait être retrouvé
fin 2021 », explique Philippe de
Guizelin.
En France, l’inflation devrait se
redresser conjoncturellement,
grâce à un rebond économique et
aux stimuli budgétaires déployés
par le gouvernement, tout en restant
maîtrisée.
A priori, la politique des banques
centrales devrait rester accommodante,
assurant le maintien
de taux bas et l’achat d’actifs
(actions, immobilier) à des
niveaux de prix toujours élevés.
Il faut avoir cependant à l’esprit
qu’il y a actuellement un
phénomène d’enrichissement
des détenteurs de capital (avec
un appauvrissement de la collectivité).
On peut prévoir une
correction soit par la taxation
des revenus soit par la taxation
du résultat des entreprises.
Les retours sur investissement
risquent donc d’être plus faibles
que ceux qu’on a connus dernièrement.
Sur le plan budgétaire,
des mesures de relance de l’économie
sans précédent vont être
déployées.
Comment raisonner
ses choix ?
Dans ce contexte très incertain,
gérer son patrimoine passe plus
que jamais par la définition
d’une stratégie d'épargne. Il est
indispensable d’analyser ses
objectifs et de définir ses besoins
d’épargne à court, moyen et long
terme, en fonction de sa situation
budgétaire et patrimoniale,
de son appétence au risque.
L’adage « ne pas mettre tous ses
oeufs dans le même panier » est
d’autant plus vrai en période de
crise.
Philippe de Guizelin conseille
d’identifier les besoins de liquidité
selon la durée d’immobilisation
de l’épargne souhaitée :
quelques mois, inférieure à
2 ans, 2 à 5 ans, 5 à 8 ans, supérieure
à 8 ans. Il faudra ensuite
diversifier et bâtir une allocation
des actifs en choisissant entre
les différentes familles de placements
: immobilier, actions, obligations,
matières premières et
produits de trésorerie.
Ce choix
s’opère en fonction de différents
critères : performance recherchée,
volatilité acceptée et non-liquidité
tolérée (voir encadrés).
Carole Meilleur
Responsable Marketing-Communication
Groupe FDSEA 51
Le monétaire pour le court terme
Investir dans un placement monétaire présente un
risque faible, du fait de la courte durée et de la qualité
des émetteurs de ces emprunts. Rappelons qu’un
placement monétaire est principalement composé
d’emprunts émis par des entreprises ou des États
pour une courte période, de un jour à quelques mois.
Ce type de placement est intéressant si l’on souhaite
pouvoir en disposer rapidement, par contre sa rentabilité
est quasi nulle.
Vigilance sur les obligations
Vu la faiblesse des taux de rémunération et les incidences
d’une remontée même faible des taux d’intérêt,
Philippe de Guizelin considère qu’il y a plus à
perdre qu’à gagner avec un portefeuille d’obligations
aujourd’hui. L’épargnant pourrait gagner davantage
avec des obligations d’entreprises à haut rendement
mais il prend alors davantage de risques. Les obligations
avec une maturité courte restent plutôt adaptées
pour se créer une poche de trésorerie pour les
projets à court et moyen terme.
Des actions plus rentables mais plus volatiles
Dans la perspective d’un rebond économique et d’une stratégie d’investissement plus longue, le conseiller en investissements
préconise l’investissement dans des actions plutôt que des obligations. Leurs performances sont meilleures
mais elles demeurent plus volatiles, ce qui ne conviendra pas à tous les profils d’investisseurs. Il peut être intéressant
d’investir à long terme dans des actions monde sur des thématiques structurelles de long terme respectant les
critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG).
Trois secteurs attirent davantage les capitaux : les
technologies et l’intelligence artificielle, la transition écologique, la santé. Philippe de Guizelin conseille de diversifier
les zones géographiques et de surpondérer l’Europe et les pays émergents (pays asiatiques, mais également Brésil).
Investir dans un portefeuille d’actions non cotées peut s’avérer pertinent mais il faut pour cela accepter la non-liquidité
sur des horizons de temps d’environ 7 ans, accepter un risque sur les capitaux investis. On peut viser une performance
voisine de 6 à 7 %.
Quelles enveloppes de détention pour le financier ?
Il existe différents supports d’investissement qui ont chacun leurs avantages.
Le compte-titres est intéressant pour la liquidité, la diversité des solutions, et la fiscalité de la flat tax. Rappelons que
depuis début 2018, les revenus sont imposés sur la base d’un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %, dont 12,80
% au titre de l’impôt sur le revenu et 17,20 % au titre des prélèvements sociaux. Le PEA, le FCPR sont intéressants
d’un point de vue fiscal (seuls les prélèvements sociaux sont dus).
Le contrat d’assurance-vie de droit français ou
luxembourgeois est intéressant pour la liquidité, la préparation de la retraite et/ou de la transmission.
Le PER, quant à lui, est un bon produit pour préparer sa retraite, avec une fiscalité en cas de vie plus attractive que
l’assurance-vie, mais où les versements sont plafonnés.
Enfin, il ne faut pas oublier son entreprise dans sa stratégie d’épargne. L’épargne salariale en entreprise bénéficie
d’une fiscalité attractive.
Investir dans l’immobilier
La pierre reste un actif tangible, avec la perspective d’encaisser un loyer
défini et régulier. Compte tenu des taux de crédit sans doute encore très bas
à l’horizon de 4 ou 5 ans, l’investissement dans l’immobilier devrait continuer
de séduire les Français.
Il faut toutefois faire attention à quelques points de vigilance : un actif plus ou
moins liquide, un aléa locatif et des charges en augmentation, une fiscalité
plus ou moins lourde, une implication ou une délégation de gestion qui a un
coût. Comme pour les autres produits d’épargne, il semble nécessaire de
diversifier ses investissements, surtout en temps de crise.
Le secteur du résidentiel offre à moyen terme une performance décente avec
une grande visibilité. Les perspectives de croissance dans le domaine de la
logistique restent attractives.
Les actifs de santé bénéficient de rendements élevés eu égard à leur rareté
relative et disposent d’un potentiel de développement attractif.
Les centres commerciaux sont à sous-pondérer avec des révisions en baisse
des résultats.
Le segment des bureaux soulève également des interrogations dans un cadre
de récession. S’y ajoutent les conséquences de cette crise avec le développement
du travail à distance. Le manque de transactions crée de l’attentisme.
Des opportunités se dessinent sur l’immobilier de commerces situés en pied
d’immeubles et d’hôtels.
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